Cas particulier : Avorter après 3 mois et demi

Avorter après 3 mois et demi

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Avorter après 14 semaines de grossesse : toutes les infos importantes

  • En France, la majorité des avortements a lieu au cours des 14 premières semaines de grossesse (16 semaines d’aménorrhée), conformément à la législation en vigueur pour les interruptions volontaires de grossesse (IVG).
  • Un avortement après ce délai n'est autorisé que pour des raisons médicales. C’est ce qu’on appelle une interruption médicale de grossesse (IMG). Cela signifie que la grossesse doit représenter un grave danger pour la vie de la mère ou qu'il y a une forte probabilité que l’enfant soit atteint d’une maladie ou handicap particulièrement grave et incurable. La plupart des IMG sont réalisées pour cause de handicap diagnostiqué chez l’enfant.
  • Un avortement tardif est une situation exceptionnelle pour toutes les personnes impliquées et est souvent vécue comme particulièrement éprouvant.

Test IMG : avorter pour cause de handicap de l’enfant ?

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1/3 La question de l'avortement en cas de handicap de l'enfant me concerne parce que :

Que dit la loi ?

En France, un avortement après 14 semaines de grossesse (16 semaines d’aménorrhée, en comptant à partir des dernières règles) est un cas particulier et n’est autorisé que pour certaines raisons médicales. On appelle cela une interruption médicale de grossesse.

Un avortement tardif ne peut être réalisé que s’il y a un risque grave pour la santé physique ou psychique de la femme enceinte, ou bien s’il y a une forte probabilité que l’enfant soit atteint d’une maladie ou d’un handicap particulièrement grave et incurable.

Point de vue médical et éthique

D’un point de vue médical comme éthique, une IMG est un sujet délicat, car la grossesse est en général déjà assez avancée.

La plupart du temps, les anomalies ou handicaps sont détectés à un stade assez avancé de la grossesse. Pour la femme, l’idée d’une interruption de grossesse est alors particulièrement éprouvante, car le lien avec son enfant et l’amour maternel sont souvent déjà très présents. Les parents se sont peut-être déjà préparés à l’arrivée de l’enfant, et sont donc dévastés à l’idée d’un éventuel avortement tardif.

Comme le bébé est déjà relativement grand lors d’une IMG, l'accouchement est généralement déclenché, et la femme doit mettre au monde le bébé (décédé). C’est quelque chose d’éprouvant, tant sur le plan physique qu’émotionnel.

Si l'IMG a lieu avant 22 semaines d’aménorrhée, l’enfant n’est généralement pas viable en dehors du ventre de sa mère. Dans ce cas, il décède pendant l’accouchement ou peu après.

Si l’IMG a lieu après 22 semaines d’aménorrhée, l’enfant pourrait survivre à l’accouchement déclenché. En effet, à ce stade, la probabilité que l’enfant soit viable en dehors de l’utérus augmente. Si l’enfant naissait vivant, les médecins seraient obligés de tout faire pour le garder en vie.

C’est pour cette raison que, à partir de 22 semaines d’aménorrhée, la vie de l’enfant est d’abord arrêtée dans l’utérus, en injectant une substance qui arrête son cœur. Les parents vivent souvent de près ce processus.

ℹ️ Une interruption médicale de grossesse ne peut être réalisée qu’avec le consentement de la femme. Même si les médecins la recommandent, la décision finale appartient uniquement à la mère ou aux parents de l’enfant.
Il arrive également que des médecins et sage-femmes refusent de participer à un avortement tardif, pour des raisons d’ordre éthique/moral.
Dans les hôpitaux qui pratiquent des avortements tardifs, une équipe pluridisciplinaire de médecins se réunit pour déterminer si une interruption médicale de grossesse peut être envisagée dans le cas précis de la femme.

Déroulement d'un avortement après 14 semaines de grossesse

  • Si une anomalie grave et incurable est détectée chez l’enfant ou si la grossesse représente un danger particulièrement grave pour la santé de la mère, un médecin peut évoquer la possibilité d’une interruption médicale de grossesse.
  • La décision revient ensuite à la femme (ou au couple). La femme peut prendre tout le temps nécessaire pour prendre sa décision. Indépendamment des examens médicaux, il est compréhensible que la femme ou le couple ait besoin de temps pour « digérer » la nouvelle du diagnostic et explorer toutes les options possibles. Tu trouveras quelques conseils ci-dessous.
  • Si la femme envisage une interruption de grossesse, une équipe de médecins doit valider la demande et attester qu'il existe effectivement un motif médical d’une gravité particulière.
  • Lors des différentes consultations médicales, la femme est informée du déroulement de l’avortement ainsi que des possibles conséquences physiques et psychologique. Un accompagnement psychologique professionnel sera également proposé à la femme ou au couple.
  • La méthode d’avortement dépend de l’avancée de la grossesse : Jusqu’à 22 semaines d’aménorrhée, l’accouchement est déclenché par des médicaments et la vie de l’enfant s’arrête au cours du processus. Après 22 semaines de grossesse, l’enfant reçoit d’abord une injection de chlorure de potassium dans le cœur ou dans le cordon ombilical, ce qui provoque l’arrêt de sa vie. L’accouchement est ensuite déclenché.

Tu trouveras ici plus d’informations sur le déroulement et les méthodes d’une interruption médicale de grossesse.

Avorter à l’étranger après 14 semaines ?

Peut-être réfléchis-tu à un avortement après le délai de 14 semaines de grossesse, sans qu’un diagnostic ait été posé chez l’enfant. Cela peut arriver si la grossesse n’a été découverte que tardivement, ou si des circonstances de vie ont tellement changé qu’une femme réfléchit désormais à un avortement, même après 14 semaines.
Il arrive également que des femmes soient poussées à avorter à l'étranger (par leur partenaire ou leur famille), une fois que le délai légal est dépassé dans leur pays.

Dans ces situations, le désespoir et la peur peuvent devenir tellement grands que des propositions d’avortement aux Pays-Bas, en Espagne ou ailleurs, souvent trouvées sur internet, peuvent sembler être une solution.
Recourir à un avortement tardif à l’étranger peut être très éprouvant. En plus des risques liés à un avortement tardif, s’ajoutent les contraintes liées au voyage et à l’intervention chirurgicale à l’étranger, ainsi que le stress de se retrouver dans un environnement inconnu avec des médecins étrangers.

Si tu réfléchis à une IVG à l’étranger car le délai est dépassé en France, nous t’encourageons à ne pas rester seule dans cette situation. Nous serions également heureuses de pouvoir t’accompagner, si tu le souhaites. N’hésite pas à parcourir notre site et à utiliser nos différentes ressources de conseil. Nous sommes là pour toi ! 🧡 Tu peux lire par exemple notre article :

Avorter après 14 semaines : la seule issue ?

Peut-être es-tu actuellement dans une situation où tu envisages la possibilité d’un avortement tardif. Cela peut être parce qu’on a posé chez ton enfant un diagnostic qui bouleverse tout. Tous tes rêves et projets te vie peuvent sembler s’effondrer et sont remplacés par un sentiment de choc, de tristesse et d’incertitude. Tu te poses peut-être les questions suivantes : Suis-je capable de m’occuper d’un enfant handicapé ? À quoi ressemblera sa vie ? Quelle sera la gravité de son handicap ? Et surtout, le diagnostic est-il certain, ou reste-t-il encore de l’espoir ?

Pour beaucoup de couples, le temps semble s’arrêter soudainement après la détection d’une anomalie.
Et c’est, dans une certaine mesure, une bonne chose : il est tout à fait normal d’avoir besoin de temps pour assimiler le diagnostic. S’il ne s’agit pas d’une situation où la vie de la mère est en danger, il y a suffisamment de temps pour réfléchir à la suite.

Un avortement tardif n’est pas une option que tous les couples / toutes les femmes envisagent. Comme il s’agit d’une intervention très éprouvante, tant sur le plan émotionnel que physique, il est essentiel de bien peser le pour et le contre. Tu es libre de trouver le chemin qui te convient au mieux, à toi et ton bébé ! 💚

Que faire maintenant ? Quelles sont mes options ?

  • Être patiente et prendre ton temps : dans de nombreux cas, il peut être judicieux de ne pas se précipiter. Bien que les examens médicaux soient de plus en plus fiables, ils reposent généralement sur des données statistiques. Tout comme chaque grossesse est unique, chaque bébé se développe à son propre rythme. Par exemple, certains bébés ne prennent de poids et ne grandissent qu'à un stade plus avancé de la grossesse, et ne rentrent donc que plus tard dans la « norme ». Si le diagnostic a été posé relativement tôt, ou s’il ne s’agit pour l’instant que d’une suspicion d’anomalie, cela peut valoir la peine d’essayer de rester calme et d’attendre de voir comment le bébé se développe.
  • Consulter des spécialistes : il peut être utile, pour certains diagnostics, de consulter un médecin ou un hôpital spécialisé dans ce type de cas ou des cas similaires. Une bonne décision ne peut être prise que lorsque l’on a toutes les informations et que toutes les possibilités ont été envisagées. De plus, tu es toujours libre de demander un deuxième ou troisième avis médical.
  • Contacter d’autres parents : pour certains couples, échanger avec des parents dont l’enfant a reçu un diagnostic similaire peut être très utile. En plus de partager des expériences, cela permet d’avoir un aperçu concret du quotidien de ces familles, ce qui peut aider dans la prise de décision. On peut en général trouver d’autres parents en cherchant sur internet ou bien en demandant des conseils auprès du personnel médical.
  • Envisager des soins palliatifs à la naissance, si l’enfant n’est pas viable : les hôpitaux proposent souvent un accompagnement spécifique pour les parents dont l’enfant a reçu un diagnostic mettant sa vie en danger ou s’il n’est pas sûr que l’enfant puisse vivre après la naissance. L’enfant reçoit alors des soins palliatifs, de sorte qu’il ne ressente aucune douleur et ne souffre pas des symptômes de sa maladie. De nombreux parents racontent que cet accompagnement, malgré le poids et la tristesse de la situation, leur a apporté un grand réconfort. Ils rapportent également, avec le recul, que la décision de laisser la nature suivre son cours et de prendre le temps de dire au revoir a été une démarche apaisante.
    Tu trouveras plus d’informations auprès de l’association SPAMA par exemple.

Témoignage : avorter après 14 semaines ?

Un diagnostic posé chez l’enfant peut ébranler de nombreux parents.

C’est ce qu’explique Natalie*, dans un message adressé à sa conseillère Profemina** :

« Notre bébé était vraiment désiré. Cependant, après deux tests de dépistage prénatal positifs, nous avons fait une amniocentèse. Vendredi, nous avons reçu les premiers résultats, qui étaient également positifs. Nous sommes effondrés et sommes complètement dépassés par la situation. Nous devons prendre une décision : voulons-nous garder l’enfant ou peut-être serait-il mieux pour tout le monde de ne pas poursuivre la grossesse ? Il y a des moments où je suis optimiste et où je me dis que nous allons y arriver. Puis, il y a d’autres moments où je me dis que la meilleure solution est de ne pas garder le bébé. Nous avons désespérément besoin d’aide pour pouvoir prendre une décision avec laquelle nous pourrons vivre en paix tous les deux. J’en suis déjà à 18 semaines d’aménorrhée, ce qui rend les choses encore plus difficiles... »

Comment s’est poursuivie l’histoire de Natalie ?

Elle et son mari ont finalement décidé de ne pas recourir à une IMG. Une décision qu’ils n’ont pas regrettée, même après la naissance de leur bébé, Paul :

« C’est un petit garçon si doux, qui déborde d’amour pour ses parents. Il commence à faire ses nuits. Jusqu’à présent, il a déjà dormi deux fois toute la nuit, ce qui a été un vrai soulagement pour moi. Nous venons également d’apprendre que nous étions éligibles à une allocation pour compenser les frais liés à son handicap. C’est également un grand soulagement, surtout sur le plan financier. »


*Pour protéger l'identité des personnes, les noms et informations personnelles ont été changés.

** Nos conseillères ne sont disponibles que dans les pays germanophones. Tu trouveras ici des informations pour trouver d'autres formes d’aide : Trouver de l’aide près de chez soi.

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